Memoria individual y grupo
Entre les souvenirs que nous évoquons à volonté et ceux sur lesquels il semble que nous n’ayons plus prise, on trouverait en réalité tous les degrés. Les conditions nécessaires pour que les uns et les autres reparaissent ne diffèrent que par le degré de complexité. Ceux-ci sont toujours à notre portée parce qu’ils se conservent dans des groupes où nous sommes libres de pénétrer quand nous le voulons, dans des pensées collectives avec lesquelles nous restons toujours en rapports étroits, si bien que tous leurs éléments, toutes les liaisons entre ces éléments et les passages les plus directs des uns aux autres nous sont familiers. Ceux-là nous sont moins et plus rarement accessibles, parce que les groupes qui nous les apporteraient sont plus éloignés, que nous ne sommes en contact avec eux que de façon intermittente.
Maurice halbwachs, La memoire collective, Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html , p. 23.
Au reste si la mémoire collective tire sa force et sa durée de ce qu’elle a pour support un ensemble d’hommes, ce sont cependant des individus qui se souviennent, en tant que membres du groupe. De cette masse de souvenirs communs, et qui s’appuient l’un sur l’autre, ce ne sont pas les mêmes qui apparaîtront avec le plus d’intensité à chacun d’eux. Nous dirions volontiers que chaque mémoire individuelle est un point de vue sur la mémoire collective, que ce point de vue change suivant la place que j’y occupe, et que cette place elle-même change suivant les relations que j’entretiens avec d’autres milieux. Il n’est donc pas étonnant que, de ‘instrument commun, tous ne tirent pas le même parti. Cependant lorsqu’on essaie d’expliquer cette diversité, on en revient toujours à une combinaison d’influences qui, toutes, sont de nature sociale. (…)
La succession de souvenirs, même de ceux qui sont le plus personnels, s’explique toujours par les changements qui se produisent dans nos rapports avec les divers milieux collectifs, c’est-à-dire, en définitive, par les transformations de ces milieux, chacun pris à part, et de leur ensemble.
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La mémoire collective se distingue de l’histoire au moins sous deux rapports. C’est un courant de pensée continu, d’une continuité qui n’a rien d’artificiel, puisqu’elle ne retient du passé que ce qui en est encore vivant ou capable de vivre dans la conscience du groupe qui l’entretient. Par définition, elle ne dépasse pas les limites de ce groupe. Lorsqu’une période cesse d’intéresser la période qui suit, ce n’est pas un même groupe qui oublie une partie de son passé : il y a, en réalité, deux groupes qui se succèdent.
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Comunidades de memoria
“Communities (…) have a history –in an important sense they are constituted by their past- and for this reason we can speak of a real community as a “community of memory”, one that does not forget its past. In order not to forget that past, a community is involved in retelling its story, its constitutive narrative, and in so doing, it offers examples of the men and women who have embodied and exemplified the meaning of the community. These stories of collective history and exemplary individuals are an important part of the tradition that is so central to a community of memory (… )
Robert Bellah, Richard Madsen, William M. Sullivan, Ann Swidler, and Steven M. Tipton, Habits of the Heart: Individualism and Commitment in American Life, Berkeley, University of California Press, 1985 [reimpr. 1996], p. 153.
Diversas «comunidades», diversas relaciones con el pasado (past-relationships)
«A society, then, may have as many pasts, and modes of dependence on those pasts, as it has past-relationships [Aclaración previa sobre este término: I use the word «past-relationship» to express this specialised dependence of an organised group or activity within society on a past conceived in order to ensure its continuity], and it will be of importance to the analysis of historiography as the study of the past to bear in mind that society’s awareness of its past is plural, not singular, and is socially conditioned in a variety of ways. There is no a priori reason why these different awarenesses should grow together into a single awareness.»
John G. A. Pocock, «The origins of study of the past: a comparative approach»; en Comparative Studies in Society and History, nº. 4, 2 (1962), p. 213.